Nous avons beau égrenner formules et sortilèges, il arrive parfois que nos potions tournent au vinaigre et que nos monstres ne sachent plus quoi faire de toutes leurs dents. C’est alors signe que la magie de notre récit a besoin d’un petit remontant. Voici donc quelques conseils qui j’espère vous seront utiles pour insuffler dynamisme et cohérence aux objets, aux créatures et aux pouvoirs magiques de votre histoire pour enfants :
1. La magie doit être adaptée aux lecteurs
Père Noël, fées marraines, vampires et revenants ne mangent pas tous dans la même assiette. Les éléments magiques doivent être adaptés à l’âge des enfants auxquels on s’adresse. Pareil pour les thèmes qu’on aborde, l’humour et le degré de frayeur qu’on cherche à provoquer. Ils doivent tous être cohérents les uns avec les autres et surtout avec le public ciblé. Pour lire l’article sur les différents groupes d’âge des lecteurs, c’est ici.
2. La magie doit être cohérente
Si la mission de notre héros est de combattre Lord Voldemort, il aura besoin d’une baguette magique. Pas d’un Retourneur de Temps, ni d’une bouteille de Polynectar, ni d’une voiture volante. Mais ces objets lui seront salutaires à d’autres occasions. Autrement dit, un pouvoir, un allié ou un objet enchanté doit être adapté au rôle qu’il doit jouer dans le périple du héros.
De plus, chaque récit a un univers qui lui est propre, et toutes les formes de magie doivent être cohérentes entre elles. L’univers de Harry Potter a beau être complexe, un sorcier ne possède pas de sabre laser et ne se déplace pas en TIE fighter.
Sans oublier que la magie doit être adaptée à la personnalité du héros. Vous imaginez l’embarras, si après avoir manqué le Poudlard Express, Harry et Ron arrivaient devant tout le monde sur le dos d’une licorne?
3. La magie doit avoir des limites
Si la magie est trop puissante, tout devient trop facile. Résultat, le héros n’a plus besoin ni de courage, ni de persévérance, ni d’humilité, ni d’amis. Et du coup, le lecteur se retrouve sans questionnements, sans suspens, sans intérêt, et sans histoire. Si Hagrid avait été parfait, qui aurait fait pousser une queue de cochon à Dudley? Et si Dumbledore avait été tout-puissant, qui aurait connu Harry Potter? La magie doit avoir des limites et des défaillances, pour laisser place au doute, à l’imprévu et au suspens. Elle a besoin d’alliés pour laisser fleurir les qualités humaines. Et elle a besoin de forces ennemies, qui la défient, qui la stimulent et qui lui donnent du mérite.
4. Parfois, la magie a un prix
Dans les contes traditionnels, tout objet magique demande un paiement, un service ou une promesse. Il arrive aussi que ce paiement se fasse au détriment du héros. La tentation de l’anneau affaiblit Frodo à vue d’oeil. La popularité de Harry menace son amitié avec Ron. Et l’arrogance du pouvoir conduit Anakin Skywalker à sa perte. Pour les lecteurs plus vieux, la magie peut donc explorer la question de la responsabilité du pouvoir. Le pouvoir a-t-il un côté obscur? Quel est son impact sur celui qui en jouit? Et quel est le prix à payer, ou à refuser pour posséder un tel atout?
5. La magie a besoin de mystère
Comment fonctionne le Miroir du Riséd? Les balais volants? La carte du Maraudeur? La magie ne serait pas magique sans sa part de mystère. Le mystère engendre l’émerveillement et surtout, il offre au lecteur un petit espace dans l’histoire, un espace juste à lui, qu’il peut remplir avec ses propres réponses.
En bref, la magie doit être cohérente. Avec les lecteurs, les héros, le récit, et l’univers du récit. Elle doit être imparfaite, pour réserver des suprises et permettre aux héros d’évoluer sur le plan humain. Elle cache parfois des pièges, qui peuvent transformer un héros en anti-héros. Et comme elle n’est pas une science, elle n’a pas besoin de tout nous expliquer. Elle doit juste nous surprendre et nous faire rêver.
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Tellement d’informations intéressantes! Il faut y aller par petites bouchées n’est-ce pas? Une autre belle leçon de ‘magie’. 🙂