Écrire pour les enfants : par où commencer ?

Nous avons chacun nos différentes sources d’inspiration pour écrire.  Mais quand il s’agit d’écrire pour les enfants, notre regard intérieur se tourne presqu’à tous les coups vers notre enfance.

L’enfance est la période la plus concentrée en découvertes et en émotions. Il suffit d’un coup d’œil vers nos premières années pour que nos sentiments d’alors s’éveillent, notre vocabulaire d’enfant refasse surface et que les idées se mettent à germer. Au bout de quelques minutes les engrenages de notre histoire se mettent à tourner à toute vapeur et les mots s’écrivent d’eux-mêmes : un ami de la maternelle revient nous chuchoter une bonne blague, une tante un peu brusque se met à cracher du feu et un voyage scolaire prend soudain les allures d’une épopée truffée de dangers.

Mais ces mêmes émotions peuvent parfois agir dans le sens contraire. Par nostalgie, tristesse ou toutes sortes d’autres raisons, elles peuvent s’ériger entre nous et notre enfance comme un écran opaque. Il peut alors s’avérer utile de prendre un détour, et aller à la rencontre de l’enfant en soi en passant par d’autres univers d’enfant.

Voici un exemple de parcours que je vous propose :

 

1. Définissez vos goûts

Pensez à vos livres jeunesse préférés. Quels sont ceux qui vous font rire et frémir, et vous donnent envie de tourner les pages vite, vite, vite ? Notez-en le genre (éveil, aventure, conte, poésie, romance, psychologique, humoristique …), le ton (comique, dramatique, poétique, ironique, dramatique, …), le lectorat (premières lectures, premier roman, roman ado, …), le type de personnages, la longueur du récit, etc. L’histoire que vous aurez envie de raconter aura probablement les mêmes caractéristiques.

 

2. Découvrez vos futurs lecteurs

La littérature jeunesse change constamment. Les styles évoluent, de nouveaux thèmes émergent. Il ne s’agit pas d’enfoncer votre récit dans le carcan d’une tendance. Mais simplement d’être au courant de ce qui se publie actuellement, car les livres d’aujourd’hui ressemblent aux jeunes d’aujourd’hui : ils mettent en scène des héros auxquels ils s’identifient, traitent de sujets qui les intéressent et soulèvent des questionnements qui les préoccupent.

 

3. Posez les fondations de votre histoire

Pas de pression, cette étape pourrait n’être que provisoire – du moins en partie – et changer au gré de votre inspiration. Mais pour commencer, choisissez :

Votre intrigue principale : Quel sera votre thème principal ? Quelle est l’histoire que vous voulez raconter à vos lecteurs ? Souvent il s’agit d’une mission qu’un ou des personnages reçoivent ou se donnent, une décision ou un évènement qui chamboule l’ordre des choses initial et déclenche une série d’aventures ou de changements dans la vie des protagonistes. Essayez de commencer avec une idée simple, que vous pouvez résumer en une seule phrase. Avec le temps, cette intrigue va donner naissance à des sous-intrigues, des petits récits qui vont fournir des informations supplémentaires et rendre votre intrigue principale plus riche et plus captivante.

N’oubliez pas, on peut parler presque de tout aux enfants. Mais la profondeur de la discussion dépend de leur maturité. Il est important de prendre en considération la pudeur et la sensibilité de l’enfant pour juger si on approfondit tel ou tel sujet ou si on ne fait que l’effleurer afin de préparer le terreau pour des discussions futures.

 

Vos personnages : Qui sont vos personnages principaux ? Quel est leur nom, leur âge (un ou deux ans de plus que l’âge des lecteurs) et leur rôle dans l’histoire ? Plus les personnages seront différents les uns des autres, plus leurs interactions seront intéressantes : ils s’allieront, se tirailleront, se compléteront, bref ils s’aideront mutuellement à évoluer. Et plus ils évolueront, plus ils seront complexes et intéressants pour le lecteur !

Des personnages secondaires viendront s’ajouter plus tard à votre intrigue. Leur principal intérêt réside dans leur utilité : un confident, un adversaire de passage, un allié dans un moment difficile. Ils servent à épauler ou compléter le portrait des personnages principaux, mais toujours de façon ponctuelle.

 

Les rebondissements : prévoyez des difficultés pour vos personnages. Des conflits internes, des conflits avec les autres, des tensions, des ennuis. Des petits, des gros, des moyens, ne les ménagez pas ! Plus les personnages auront des défis à surmonter, plus ils auront de mérite à la fin de l’histoire, plus votre récit sera dynamique et riche en émotions. Et forcément, plus vos lecteurs seront ravis!

 

Un point culminant (climax) : C’est le moment le plus intense du récit, au niveau de l’action mais surtout de l’émotion. Les personnages principaux font leurs preuves, ils révèlent leur aptitude à mener à bien (ou non) la mission qu’ils ont reçue ou qu’ils se sont donnée au début du récit.

 

Un dénouement satisfaisant : c’est la résolution de votre récit. Le dénouement doit combler toutes les attentes que vous avez créées chez le lecteur et fournir une réponse satisfaisante à toutes les questions soulevées durant le récit. Dans une histoire pour enfants, le dénouement est généralement juste et positif : chaque personnage a eu la récompense que ses efforts lui ont value.

4. Évitez de donner des leçons 

Comme adulte (et encore plus si on est un parent !) on a envie de donner des conseils pour épargner aux plus jeunes les erreurs ou les mauvais jugements. Mais comme écrivain, il est important de proposer aux lecteurs des informations et des questionnements, sans toutefois penser à leur place.
Un livre est un univers, et la lecture une expérience de vie qui doit stimuler leur réflexion et les aider à découvrir leurs goûts et forger leurs propres idées.

5. Adaptez votre style

Le style se retravaille à chaque relecture, mais essayez d’adopter dès le début une écriture dynamique, simple et directe. Des phrases courtes, des paragraphes courts. Un vocabulaire précis et varié. Des descriptions brèves (mais efficaces !). Des dialogues aussi nombreux que possible, qui font avancer l’intrigue et reflètent la personnalité des interlocuteurs. Et n’oubliez pas la touche comique : des situations clownesques pour le plus jeunes, un humour plus subtil pour les plus vieux. Utilisées avec modération, les situations qui font sourire brisent tout de suite la glace et accrochent le lecteur !

 

Sources :
http://www.upstartcrowliterary.com/little-browns-list-of-attributes-that-make-a-good-childrens-book/
Crédit image: freegreatpicture.net

2 Commentaires

  1. J’apprécie une fois de plus ce billet Silvia! C’est un peu comme si tu avais répondu à ma question de l’autre jour. Ce billet me parle beaucoup. Il est riche en émotion qu’on peut ressentir quand nous écrivons pour les petits où le ‘petit en nous’. Je vais le relire et m’en servir souvent afin de poursuivre ce que j’ai commencé! 🙂

    1. silvia dit : Répondre

      Salut Milly! Drôle de petite bête, l’enfance n’est-ce pas? Si immense mais parfois difficile à cerner… Reviens aussi souvent que tu veux! 😉

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